Notre dernière "Actualité" nous a valu quelques courriels de reproche. Peu, très peu, il est vrai, comparés aux nombreux courriels d'encouragement reçus. Certains lecteurs nous reprochant de présenter quelques sites dans lesquels Maurras est parfois malmené.
Nous l'avions pourtant écrit : tous les sites présentés ne sont pas de la famille maurrassienne, mais tous proposent des textes intéressant les études maurrassiennes. Et l'important est là. Nous nous sommes donnés pour mission de "prolonger, de corriger et de dépasser Maurras" [1], non de faire de la récitation en famille.
Parmi ces sites dits fautifs : Magistro, "tribune libre et indépendante d'information civique et politique" [2].
Du bon, du très bon, il y en a beaucoup sur "Magistro". Le pire, je ne l'ai pas trouvé. Du moins bon, il y en a forcément. Est-ce une raison pour ignorer ce site ?
Ne pas le nommer serait censurer les communications de Jean-François Mattéi, de Chantal Delsol, de François Broche, de François-Georges Dreyfus, l'émouvant hommage d'un Officier français au grand Hervé Coutau-Bégarie, et de très nombreux autres textes pleins d'intérêt.
Mais, on tombe aussi sur des articles tels celui de Mr Abel Olivier [3], qui n'hésite pas à affirmer :
"[...] je rencontre de plus en plus souvent des catholiques qui, à l'instar jadis de Charles Maurras, sont des ultra-catholiques athées, dont le catholicisme est la culture. Je dis ultra-catholiques au sens où dans le contexte post-chrétien qui est le nôtre, la religion devient identitaire et intégriste, réduite à son apparat culturel, ou à des bouts de rituels sécularisés et dépourvus de toute inquiétude théologique".
L'auteur poursuit :
"Les français seront alors catholiques, comme d'autres seraient juifs, les turcs sunnites, ou les américains protestants, parce que ce serait le fond inconscient de leur culture, quelque chose comme leur système immunitaire. Le préjugé le plus répandu est alors que chacun pense que sa religion n'est pas vraiment "croyable", mais qu'elle est quand même la moins mauvaise ! "
Il y a là un fond de réflexion très intéressant, qui pourrait être longuement développé. Mais pourquoi compromettre Maurras dans ceci ?
Que Mr Abel Olivier n'aime pas Maurras, c'est son droit. Qu'il critique tel ouvrage, tel texte, telle position de Maurras, en fondant précisément ses griefs, c'est toujours son droit. Mais on ne peut pas faire dire n'importe quoi à n'importe qui.
Le nom "Maurras" redevient d'actualité. On a même entendu il y a quelques mois une responsable (?) de l'U.M.P. française accuser un conseiller de Nicolas Sarkozy "d'avoir voulu faire gagner Maurras" (aux élections présidentielles), et non ce pauvre Nicolas. Cette insignifiante personne a-t-elle ouvert au moins un seul ouvrage de Maurras ? Sait-elle de qui elle parle ? Il est devenu de bon ton de se jeter le qualificatif de "maurrassien" à la figure ; pour s'insulter s'entend. Nous avons dans le texte cité ci-dessus la version semi-lettrée de cette nouvelle mode.
Normalement, pour critiquer un penseur politique, on commence par le citer, puis on démontre en quoi et pourquoi on n'est pas d'accord. Pour notre Maître, ce sera "il n'a pas dit... , il n'a pas écrit... , mais il est évident qu'il pensait que... ". Procès d'intention, citations tronquées, contre-vérités mille fois répétées, ainsi on finit par bâtir un épouvantail nommé Maurras.
Tel ce Maurras ultra-catholique athée !
À l'inverse, ne tentons pas de fabriquer un Maurras calotin et bigot. Prenons-le tel qu'il était : agnostique la plus grande partie de sa vie [4]. Mais un "beau défenseur de la foi" (Saint Pie X), ayant amené à la foi catholique un grand nombre d'hommes d'Action française, agnostiques ou athées jusque là.
Et tant mieux si de tels sites existent ! Le combat des idées sort gagnant.
Restant dans le domaine des textes numériques, cette sixième "Actualité de l'édition maurrassienne" devrait, j'espère, contenter tout le monde. Elle clôt la partie "Éditions numériques et cyberbibliothèques" en présentant les sites de réédition de revues et périodiques, les cyberbibliothèques (enfin !) et les éditeurs de livres numériques (intéressant les études maurrassiennes).
Il y a, dans les cyberbibliothèques du Québec, de l'Illinois et de Californie, de véritables trésors pour les études maurrassiennes.
Nous diffusons la carte de ces trésors.
Brian McLeóghann.
Le 18 mars 2013.
[1] Gustave Thibon. Voir dans notre première page de présentation : "Maurras actuel ?". [ retour au texte ]
[2] http://www.magistro.fr/. Site qui semble avoir quelques soucis actuellement (piratage, problème de serveur... ?) Espérons qu'il soit remis en ligne rapidement. [ retour au texte ]
[3] Abel Olivier. La culture et la foi. "Midi-Magazine" sur la radio "Fréquence protestante", jeudi 31 décembre 2009. Réédition électronique, "Magistro". Texte mis en ligne le 31 décembre 2009. Url : http://www.magistro.fr/. Consulté le 13 septembre 2011. [ retour au texte ]
[4] Et non athée, ce que Mr Abel Olivier ne peut ignorer. [ retour au texte ]