Les sites de réédition numérique d'articles de périodiques ont du bon. Ils permettent l'exhumation de quelques textes morts-nés ou disparus discrètement.
C'est le cas de l'étude "Des grèves de 1955 à la démocratie sociale de demain ?" de Mr René Bourrigaud, alors Maître de conférences à la faculté de droit de Nantes [1].
Passons sur le descriptif des luttes syndicales nazairiennes, qui ne sont pas de notre propos, pour en venir à la partie "Quelle démocratie sociale pour demain". Si tout n'est pas stupide dans ce texte, loin de là, quelques coups de griffes nous sont destinés :
"Mis à part quelques nostalgiques comme les disciples attardés de Maurras, personne n'ose contester ouvertement les principes de la démocratie qui fait partie des droits de l'homme. On veut même l'améliorer, la « compléter »".
Un renvoi précise utilement cette affirmation :
"Ces attardés savent en revanche utiliser les techniques modernes pour diffuser sur le web la pensée de leur maître Charles Maurras. Ainsi peut-on lire sur http://www.chez.com/maurras/politique_naturelle_5.htm un texte intitulé "La question ouvrière et la démocratie sociale". Le passage suivant en résume toute la philosophie : "Sur ces observations cent fois faites, notre folle jeunesse aimait à répéter que le socialisme n'est pas socialiste. Non. Mais il est bien démocratique. Car ce qu'il est et ce qu'il fait ne peut tendre qu'à multiplier ou compliquer les obstacles matériels au règlement social de la question ouvrière. Telle est la fonction de la démocratie sociale. Tel est son métier. Il lui faut maintenir la guerre sociale : sa guerre. Elle exclut par définition tout régime corporatif, car c'est un régime de paix. L'ouvrier qui en est tenté est un renégat ; le patron qui y incline, un hâbleur. Pourquoi ? Parce que la différence des valeurs, des étages et des conditions n'est pas contestée en régime corporatif. La corporation viole le principe essentiel, non d'un socialisme logique et honnête, mais de l'égalité". Aucun dirigeant syndical n'accepterait aujourd'hui de signer ce texte mais combien en pratiquent les idées de fond qui tendent à rejeter la démocratie et à combattre l'égalité ? ".
À cette ironie forcée et de petit niveau, on reconnaît le personnage, notre universitaire étant de toute évidence du type guérillero d'amphithéâtre, ne reculant jamais devant une plaisanterie à deux cents pour tenter de satisfaire son public. Il semble avoir découvert Maurras par hasard, grâce aux mots clés "démocratie sociale" entrés dans un moteur de recherche. Peut-être aurait-il pu approfondir un peu ? Mais il semble être animé par une foi inébranlable en la religion démocratique et ne peut donc raisonner et se poser la moindre question [2]. La première serait pourtant "La démocratie existe-t-elle ?" Et bien non, notre charbonnier reste fort dans sa foi : il assimile 'liberté', 'égalité' avec 'démocratie'. Donc tout non-démocrate est par définition un ennemi de la liberté. Comme tout est simple ! [3]
Que la "démocratie", née de la révolution bourgeoise, soit le seul régime qui permette à la haute finance de piller un pays en anesthésiant son peuple, le transformant en une masse de consommateurs politiques et économiques ? Propos d'attardé ! [4] Que le mythe démocratique ne soit qu'un... mythe, la réalité n'étant, hélas, qu'une ploutocratie à faciès démocratique ? [5] Nouveau propos d'attardé, sans doute ? [6]
Bon, passons sur le qualificatif. Nous en avons entendu d'autres, et nous nous attendons toujours à pire.
Mais, depuis 2005, les "attardés" ont bien progressé pour diffuser la pensée de leur Maître.
Cette "Actualité de l'édition maurrassienne, 05", comme la suivante, en atteste : elles traitent justement de l'édition électronique et présentent des sites sur lesquels le chercheur pourra consulter (et éventuellement télécharger) des textes intéressants les études maurrassiennes.
Soixante-trois ouvrages numériques de Charles Maurras disponibles sont recensés dans cette "Actualité". Et la liste grossira encore avec la parution de la prochaine "Actualité". Pas trop mal pour des attardés, non ?
Bonne lecture.
Brian McLeóghann.
Le 27 février 2013.
[1] René Bourrigaud, Des grèves de 1955 à la démocratie sociale de demain ?, revue Agone, 33 | 2005, [En ligne], mis en ligne le 29 octobre 2008. URL : http://revueagone.revues.org/171. Consulté le 22 août 2010. [retour au texte]
[2] "La démocratie qui fait partie des droits de l'homme", dit-il. Au-delà de cette formule simpliste, il y a là deux notions qu'il serait intéressant d'approfondir, plutôt que s'en tenir aux incantations magiques. [retour au texte]
[3] "À force d'adorer, de glorifier et d'honorer la Démocratie et ses bontés naturelles, on abrutit les citoyens et l'on ne sait plus soi-même ce que ce mot, étymon de l'onanisme contemporain, peut vouloir dire". [...] "Tout le monde est démocrate et rien ne sert de savoir pourquoi, puisque tout le monde dit que c'est bien et que ceux qui disent que c'est mal sont peu nombreux et méchants". Stéphane Giocanti, dans Les Enfants de l'utopie. Saint-Victor-de-Morestel, Les Provinciales, 1998 (pages 58 & 59). Un ouvrage à lire, à relire et à offrir ! [retour au texte]
[4] "Le public étant roi de nom, quiconque dirige l'opinion du public est le roi de fait" (Charles Maurras, "L'avenir de l'Intelligence"). La première étape est donc le contrôle des media, transformés en machines à décérébrer et à former de bons électeurs. Donnée valable en tout temps et sous toute latitude, rappelez-vous la célèbre allocution de John Swinton, en septembre 1880 (déjà !) : "Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l'opinion au service des Puissances de l'Argent [...] Nous sommes des prostituées de l'intellect". Ceci fait, le formatage peut commencer. L'anesthésie démocratique étant plus efficace, et surtout beaucoup plus durable que la brutalité tyrannique, qui incite à la résistance et à la révolte. [retour au texte]
[5] George Orwell définissait la démocratie comme étant "[..] le nom poli du capitalisme". [retour au texte]
[6] Les Français ont eu récemment, lors d'élections présidentielles, à choisir entre deux candidats bénéficiant des mêmes sponsors, roulant pour les mêmes lobbies, se promettant de faire la même politique, mais avec un style très différent. Géniale, la démocratie, non ? Certes, comme alibi, à ces deux candidats éligibles, pour satisfaire un corps électoral déjà partiellement anesthésié, s'ajoutait un bon nombre de figurants, transformant le premier tour de ces élections en reality-show (la question n'était pas "qui va sortir, qui va rester ?", mais "avec quel score vont-ils sortir ?" Suspens !). Les instituts de sondage étant chargés de l'animation, et de faire en sorte, en alertant sur des intentions de vote trop élevées, ou en inquiétant sur d'autres trop faibles, que la bavure de 2002 ne se reproduise plus. [retour au texte]