Charles Maurras    Martigues
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Une bonne canne, un bon livre

Une fois n'étant pas coutume, intéressons-nous à l'actualité, l'agitation gagnant le paisible Royaume de France.

Vu de loin, le spectacle est étonnant.

Le bon peuple gronde. Un Président inexistant. Un gouvernement qui ne gouverne pas. Incapable de la moindre réforme, de la moindre action, négligeant tous les dossiers urgents, ne s'occupant pas de ce qui préoccupe les Français, et qui soudain déploie une énergie considérable pour faire voter une loi qui va satisfaire au plus quelques milliers de personnes, mais qui fait ainsi sortir de la léthargie et descendre dans la rue plus d'un million d'opposants ! De Giscard à Sarkosy, la machine à anesthésier fonctionnait pourtant à merveille, magnifiquement huilée. Il a suffit d'un grain de sable corrézien. Les socialistes sont des gens merveilleux !

La gauche, pensant qu'un président de Conseil général pouvait devenir un Homme d'État, se couvre de ridicule. La droite, incapable de se remettre en cause, se couvre de honte.

C'est donc hors des formations politiques que l'exaspération s'exprime. La loi étant aujourd'hui votée, ce spontanéisme saura-t-il se structurer, afin de passer de la contestation à la construction ?

Sincèrement, j'en doute. La bonne volonté, les bons sentiments, ne suffisent pas, ce ne sont ni méthode ni doctrine. Ceux qui ont les moyens intellectuels d'encadrer, de canaliser cette juste contestation n'en n'ont pas les moyens matériels ou humains. Ceux qui ont ces moyens n'ont ni la volonté ni le courage de la faire, leur structure n'étant plus depuis longtemps le support d'une idéologie, mais une simple machine électorale. Ne pas se compromettre dans ce combat, afin de ne déplaire à personne, mais se tenir prêt à profiter de cette lame de fond qui pourrait lessiver la gauche ... .

Le port du bonnet phrygien [1], même rose, les slogans primaires ("défendons la démocratie et la liberté") ou totalement stupides ("la police avec nous"), tout ceci ne m'incite pas à l'optimisme ! "Vieux cocus de droite, éternels maris trompés de la politique", titrait le Canard enchaîné dans les années 1934 / 36. J'ai peur que l'histoire ne resserve le même plat. Et ce ne sont même plus des anciens combattants, survivants de la plus épouvantable boucherie de tous les temps, cités au feu, décorés et prêts à tout qui défilent. Ce sont de braves gens, qui ont tout avalé jusque-là, qui votaient "utile" et qui viennent de se réveiller en sursaut. Même l'Église sillonniste se découvre soudain catholique. Mais plutôt que s'opposer au mariage homo, nos braves gens feraient mieux de demander la suppression du mariage civil, formalité administrative érigée en ridicule cérémonie. Il n'y a de mariage que devant Dieu.

Des dizaines de milliers, même un million et demi de braves gens, ne remplaceront jamais quelques milliers de militants intellectuellement bien formés et fermement décidés. "Dans la main une bonne canne, dans la poche un bon livre" disait Henri Lagrange [2]. En d'autres termes, "penser clair et marcher droit !".

La canne, ce n'est pas notre rayon.

Le bon livre, oui, que nos lecteurs trouveront sans doute dans ces pages, même s'il manque encore une synthèse des idées de Maurras pour le XXI° siècle. Elle reste à écrire.

Car l'étude de Maurras est un vaccin, un formidable vaccin qui protège des tentations activistes, des dérives sans lendemain, et qui interdit le désespoir. Dévorez tout Maurras ! La pression monte, la France, et au delà l'Occident, auront besoin dans les proches années de cadres intellectuellement bien formés, désintéressés et pleinement opérationnels. Ne pas négliger la canne pour le livre, certes (sous peine d'intellectualisme stérile), mais surtout ne pas négliger le livre pour la canne (sous peine de tentation groupusculaire).

Nous publions aujourd'hui la deuxième page de la série "Ouvrages" de la section "Charles Maurras. Son œuvre rééditée". Cette page couvre les éditions faites de 1911 à 1923. Grâce aux reprints et aux rééditions venant de tous les continents, grâce aux éditions numériques, quatre ouvrages seulement manquent à l'appel, et trois sont en réédition partielle. Nous effectuerons prochainement une petite pose dans cette série, pour publier la page "Préfaces" (rééditées et disponibles) de Charles Maurras. Puis reviendrons à la série "Ouvrages" avec la page trois (livres édités de 1924 à 1939) et terminerons ensuite avec la page des ouvrages édités de 1940 à nos jours.

Très bonne "lecture pour tous"


Brian McLeóghann.

Le 30 avril 2013.

[1] Voir le remarquable article de Jean Sévillia, Eh les filles, enlevez votre bonnet phrygien !, sur Boulevard Voltaire (le 22 avril 2013), une réponse des "Marianne pour tous", suivie d'une réponse de Jean Sévillia sur jeansevillia.com.  [ retour au texte ]

[2] Lire : Henri Lagrange, Vingt ans en 14. Études politiques et littéraires, portraits et polémiques, lettres de guerre. Préface de Charles Maurras. Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 1920. In-12, 238 pages. Réédition : Paris, Dualpha (Patrimoine des Lettres), 2010. In-8°, 338 pages (préface de Charles Maurras, introduction de Pierre Monnier).  [ retour au texte ]

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